Boutin.jpgExtraits du grand entretien avec Christine Boutin publié dans le numéro « Sexualité & Politique » du numéro 9 de la revue Charles. Où il est question de séduction, de sexe à l’Assemblée ou encore de l’affaire DSK.



Par Camille Vigogne Le Coat - Crédit Photo : Tom Buisseret







La séduction est-elle importante en politique ?

Bien sûr. D’abord, c’est important pour les femmes. Je pense que la séduction – c’est magnifique, la séduction – reste un concept très féminin. Nous les femmes, avons vraiment la séduction inhérente à notre ADN, de façon encore plus profonde que les hommes. Et c’est du reste pour ça que les femmes entre elles sont tellement dures. Il y a des compétitions de séduction très fortes entre femmes. Voilà pour le cadre général. En politique, il faut par nature séduire, qu’on soit homme ou femme. Séduction au sens positif du terme, au sens où il faut plaire à ses électeurs, à son public. Si vous n’êtes pas un peu séducteur, vous avez peu de chance d’être élu !

 

Jacques Chirac ne se lassait pas de serrer des mains… Quel est le rapport au corps, au contact, quand on est élu ?

C’est un rapport très curieux. En politique, on a besoin de se toucher. Quand vous voyez quelqu’un, vous lui serrez la main, vous le prenez par l’épaule, vous lui touchez le bras... Si vous êtes dans une relation en-dehors du cadre politique, vous continuez à prendre le type par la main ou par le bras, et les gens sont un peu surpris. Celui qui n’est pas politique, il se dit : « Qu’est-ce qui lui prend à celui-là deme toucher le bras ? » En politique, il y a des contacts. De la pensée, des combats, et aussi des contacts physiques.


On dit d’ailleurs que Jacques Chirac était un grand séducteur…

Écoutez, je pense que oui. Je n’étais pas très proche de lui, mais c’est la réputation qu’il avait. Je ne peux pas vous en dire davantage. Mais vous savez, en politique, il n’y a pas que Chirac. Quand on parle de séduction, on évoque souvent les hommes politiques qui ont des aventures, mais il faut savoir que les femmes se jettent dans leurs bras ! Ce n’est pas si évident pour eux de leur résister ! Déjà, ils n’ont pas tellement envie... La vraie question est : pourquoi est-ce ainsi ? Je pense que le pouvoir attire. Dans ma vie politique, j’ai pu voir comment les femmes peuvent être attirées par les hommes de pouvoir. C’est moins vrai pour les hommes : les femmes politiques et députées, on voit moins d’hommes leur tourner autour.

 

Michel Houellebecq, qui a été informaticien à l’Assemblée nationale, confiait récemment à Charles : « Les gens qui travaillent à l’Assemblée couchent souvent entre eux, mais ils se marient aussi très souvent entre eux. C’est très endogame. […] Les députés ont une petite chambre. On voyait souvent passer des escort girls. Baiser dans les cas de stress, ça aide. » (Charles n°3, Les Ouvriers de la politique, 2012). Est-ce vrai selon vous ?

 

Écoutez, je ne sais pas s’il y avait des escort girls. Je ne suis pas certaine non plus que les lits en question permettent ce genre de chose. Ça ne veut pas dire que cela ne se passait pas ailleurs ! Quant à dire qu’ils se marient entre eux… Les avocats se marient avec les avocats, les médecins avec les médecins, il n’y a rien d’étonnant à ce que les politiques se marient entre eux. Du reste, je dirais que c’est plutôt ouvert, car on trouve des politiques en couple avec des journalistes. Sur l’histoire du lit, ça fait bien dans le folklore… Mais les responsables politiques, hommes ou femmes, sont habitués à une certaine forme de confort. Ça m’étonnerait qu’ils fassent l’amour sur une planche ! C’est peut être arrivé aux pingres, à ceux qui ne veulent pas louer une chambre (rires).

 

Dans Rachida ne meurt jamais, Elisabeth Chavelet explique que celle-ci avait fait de la séduction une « méthode Dati » afin d’obtenir ce qu’elle voulait. Il est écrit qu’elle pratiquait les « sextos ».

Je n’ai pas eu de sextos ! (rires) J’aime beaucoup Rachida. Dans mes collègues politiques, il y a quelques ministres que j’ai aimés. Rachida, je l’ai beaucoup appréciée. Pourtant, Dieu sait si on ne devait pas se rencontrer apriori. Mais c’est une fille qui en veut. Elle a la niaque. Oui, bien sûr qu’elle joue de la séduction, mais elle n’est pas la seule. Elle avait peut-être plus de talent que d’autres ! Elle usait de ce qu’elle avait, on ne peut pas lui reprocher. À chacun son talent. Je ne dis pas que c’est le seul dont elle dispose, mais c’est une séductrice.

 

Comment avez-vous réagi à l’annonce de l’affaire du Sofitel impliquant DSK ?

J’étais sidérée. J’ai fait partie des gens qui ont douté. On savait que DSK aimait beaucoup les femmes. J’ai trouvé ça énorme que ça sorte comme ça. Je vais vous le dire, j’ai pensé à un complot politique. Qu’est-ce qu’il y a d’extraordinaire à ce que DSK saute une fille ? Je pense qu’il en a sautées pas mal ! Pourquoi joue-t-on le patron du FMI sur un truc pareil ? Ça m’a paru tellement énorme que je me suis dit : « C’est pas possible, c’est une affaire politique. » Qu’est-ce qui s’est passé ? Et puis après, on a vu que c’était vraiment vrai. Et ça a pris des proportions énormes. Il y a du reste quelque chose qui, honnêtement, me paraît toujours bizarre dans cette affaire. Vous savez, en politique, tout est permis pour tuer. On utilise tout. Qu’on mette en cause la responsabilité du patron du FMI sur une affaire de coucherie…

 

En l’occurrence, c’est devenu une affaire de viol.

Était-ce du viol ? Je ne sais pas… Je trouve ça très curieux cette affaire. Mais ça a pris une telle proportion que je me suis dit : « Christine, tu es encore à côté de la plaque ! » —

 

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans Charles n°9, « Politique & Sexualité ». 


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