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Ils se sont connus au début des années 60 et ne se sont jamais perdus de vue. Fidèle à la mémoire de son frère d’arme et de déconne, Jacques Catelin nous a accueillis pour se souvenir des bons et des moins bons moments et nous en apprendre plus sur le Desproges côté jardin, loin du chobizeness. Extraits de l’entretien publié dans le numéro 12 de la revue Schnock.




Comment Pierre Desproges est devenu à la fin des années 60 « directeur commercial d’une fabrique de poutres de polystyrène »

Il était tombé par hasard sur un inventeur de poutres en polystyrène, pour des restaurants qui voulaient faire auberge mais qui n’avaient pas de quoi se payer des poutres normales qui coûtaient très cher. Donc ce type, une sorte de professeur Nimbus, avait inventé ces poutres, en oubliant de déposer le brevet, ce qui fait qu’il n’a jamais gagné d’argent. Pierre avait le titre ronflant de directeur commercial de cette société, où ils étaient trois. Je l’avais accompagné dans un restaurant du côté du Pecq ou Chatou, en bord de Seine. Il a apporté des échantillons et Pierre a réussi à convaincre le type du restaurant de faire un essai sur son plafond. Le type nous prête une échelle, on a mis de la colle sur l’échantillon, le type trouve ça pas mal et nous offre le déjeuner. Des clients arrivent et tout à coup je dis à Pierre : « Ne te relève pas, la poutre est en train de se décoller. » En effet, mal collée, elle était pratiquement verticale par rapport au plafond, prête à tomber sur une table ! Tout le monde s’en est aperçu. Donc Pierre n’a jamais eu de commandes. Et il s’est fait virer de la poutre. Autour de Mai 68, il y a eu le Salon du bricolage (un événement qui n’a visiblement pas bouleversé l’almanach — NDLR). Il n’y avait pas grand monde. Pierre avait réussi à avoir un stand et il m’a demandé de lui donner un coup de main. Il était responsable du stand de la colle, et moi du stand de la quincaillerie et de clous. Il faisait un vrai numéro de cirque, il y avait un monde fou autour de lui, car il disait qu’il avait inventé de la colle qui collait même l’eau. Il faisait une démonstration de la colle qui colle l’eau absolument fabuleuse !

L’invité surprise

Dans une soirée, s’il voyait qu’il y avait des communistes, des progressistes, ou des gens un peu hargneux à la table, automatiquement il se mettait du côté de l’extrême droite pour susciter la polémique. Et vice-versa. Il aimait la polémique, la diatribe, il avait le verbe facile, il donnait le change. Je l’ai vu tenir des discours qui étaient complètement à l’inverse de ce qu’il pensait uniquement pour contrer. Il avait plusieurs personnalités. Il était un peu mystificateur. Par exemple, il avait trouvé un dentier qui métamorphosait complètement son physique. Ça lui rallongeait la tête, c’était incroyable. Au cours d’un dîner, on a monté un numéro. Il y avait des gens un peu chiants. Il dit à un moment : « Bon peut-être que vers la fin du repas, il va y avoir un coup de sonnette, un de mes cousins doit passer, il est complètement barjot, je vais me barrer, vous direz que je ne suis pas là. » À la fin du repas, je me lève donc, sous prétexte d’aller aux toilettes et je sonne. Pierre dit : « C’est mon cousin, ne dites pas que je suis là. » Il se lève, s’en va et met son dentier. Comme il était frisé, il s’était mouillé et plaqué les cheveux, mis des lunettes, il était absolument méconnaissable. Il est rentré dans la pièce et a fait un numéro ! Il a bouffé comme un cochon. Les gens ne l’ont pas reconnu.

Propos recueillis par Cécile Collette

L’intégralité de l’entretien est à lire dans Schnock n°12, qui consacre un grand dossier à Pierre Desproges. 

En librairie le 3 septembre 2014

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