bayrouregard.jpgLa politique, cela sert à changer les choses concrètement, donc en accédant au pouvoir !

Je ne suis pas fasciné par le pouvoir. Faire de la politique, c’est d’abord dire la vérité à un pays pour en faire changer la mentalité, donc les choix. C’est pour cela que mon dernier livre s’appelle De la vérité en politique. Le livre s’ouvre sur l’histoire de Churchill qui, à la veille de la déclaration de la guerre, interpelle le Premier ministre, Stanley Baldwin, en disant : « Comment avez-vous pu faire campagne sur le désarmement de l’Angleterre, sachant ce que vous saviez de Hitler ? » Et Stanley Baldwin lui fait cette réponse incroyable : « Je vais vous répondre avec une effroyable sincérité. J’étais le chef d’un grand parti. L’opinion était pacifiste. Si j’avais dit qu’il fallait armer, j’aurais perdu les élections, donc j’ai développé un programme de désarmement.» Pour moi, cela résume tout. C’est de la démagogie et il arrive que la démagogie soit criminelle.

Vous préférez perdre les élections plutôt que perdre votre âme, c’est ça ?

Bien sûr. Je considère que si l’on est sûr de ce qu’on défend, on mène le combat. Et il n’est pas déshonorant de le perdre. J’ai une conception un peu sacrificielle de la politique. Je n’ai jamais eu le sentiment que perdre, c’était perdre l’essentiel. Ou que perdre, c’était humiliant. Quand on défend ce qu’on croit vraiment, quand on prend des risques, quand on avance, ça fait partie de la vie. Et ceux qui gagnent avec un idéal auquel ils ne croient pas, en mentant, s’en mordent les doigts, comme c’est le cas aujourd’hui pour le gouvernement socialiste.

Votre passion pour la politique est-elle indispensable à votre vie ? En d’autres termes, êtes-vous dépendant de la politique ?

L’engagement est une partie cruciale de ma vie. Je ne sais pas vivre si je ne suis pas engagé. Récemment, quelqu’un que j’aime bien, François Fillon, a dit que s’il perdait la primaire, il quitterait la vie politique. Alain Juppé avait écrit La Tentation de Venise. C’est un sentiment qui m’est complètement étranger. Je ne peux pas davantage quitter la politique comme engagement que dire « à partir de l’année prochaine, je cesse d’être le père de mes enfants ». C’est consubstantiel. Ce n’est pas un métier, la politique. Les gens qui le vivent comme un métier, comme une carrière, ou comme une partie de leur carrière, ceux-là peuvent se retirer, prendre un autre chemin. Pour moi, l’engagement est une vocation, que l’on peut exercer de manières différentes, mais que l’on ne quitte pas.

Propos recueillis par Jérémy Collado.

 

L’intégralité de cet entretien est à lire dans CHARLES N°17 : LES CENTRISTES SONT-ILS TRISTES ?

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