couv_3eme_Beat.jpgL’ambition pour ce livre était aussi limpide qu’efficace. Partir à la recherche de cinq figures emblématiques de la pop française et tenter de récolter la substantifique moelle de leurs aventures humaines. Le « jeu » n’était pas des plus confortables, car il s’agissait de casser les codes de la langue de bois promotionnelle ou, comme l’adage de Jean Yanne le souligne, le « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».

Les Ovnis de la pop réunissent cinq oiseaux rares qui ont bien voulu parler vrai. Cinq artistes qui, chacun à leur manière, ont donné à la french pop son goût unique, sucré à l’extérieur et acide à l’intérieur, tel un bonbon Napoléon. Remarquables en effet sont les destins d’une révolutionnaire déguisée en Lolita (Lio), d’un peintre fou chantant (Tristam Nada), d’un plastiqueur pop (Plastic Bertrand), d’un explorateur de l’âme (Jean-François Coen) et d’une égérie de gangsters (Annie Philippe).

« Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende. »

Cette phrase extraite du film L’homme qui tua Liberty Valance synthétise bien notre époque de supercherie universelle. La collection Rencontres du troisième beat vise à revenir à la vérité et à l’essentiel. Elle vous propose de découvrir d’incroyables aventures humaines au pays de l’industrie musicale, avec des personnalités non formatées, loin des « plastic people » dépeints par Frank Zappa. Une collection en haute-fidélité et sans langue de bois, pour écouter la musique autrement !

Sortie en librairie le mercredi 25 octobre 2017. 

 

COMMANDER 

 

160 pages, 15 X 22 / ISBN 978-2354611330 / 15 €


Ce second opus de la collection Rencontres du troisième beat raconte les parcours de cinq Ovnis de la pop, dont celui de TristaM, auteur de la chanson culte « Bonne bonne humeur ce matin », après une première vie avec le groupe punk Guilty Razors et une seconde comme artiste avec les Musulmans fumants. Extraits.

 

Un coup de pompe dans la tête de Patrick Eudeline

« Un soir, on marche rue Fontaine, vers 21 heures, alors qu’il faisait encore jour, et on voit une file de DS qui s’arrêtent, portes ouvertes, et d’où descend une armée de rockys. Ils étaient vraiment nombreux dans mon souvenir, tels des Huns qui déboulent. J’étais en train de discuter avec Patrick Eudeline. Un rocker surgit, lui met un grand coup de pompe sur l’épaule et lui éclate la clavicule. Je vois mon Eudeline s’écrouler. Alors je le ramasse, tandis qu’un énorme type s’arrête devant moi, qui étais une ablette, et me lâche sur le ton de la pitié : « Casse-toi, P’TIT CON ! » On s’est tous regroupés dans une rue adjacente, on avait un peu honte. Là, on trouve des barres de fer sur un chantier et on décide de retourner devant le bus. Mais il n’y avait plus personne (Rire). C’était une période violente, mais heureusement, il n’y a pas eu de morts. »

Racketté par Mike Tyson

« À l’époque des Muslims, j’avais réalisé des peintures autour du sport pour une expo, dont des grands portraits à l’huile de Mike Tyson. Un soir, dans une boîte à Pigalle, je vois Ku Khanh, un ami photographe neveu d’Emmanuelle Khanh, qui me confie que Tyson est aux Bains Douches. Je monte sur mon scooter et trace vers les Bains. Là, je vois dans le bar Tyson avec ses gardes du corps qui l’entourent. Je m’assois à côté de lui et commence à lui parler. Sur ce, les gardes du corps se précipitent vers moi, pour me jeter manu militari, à l’américaine. Heureusement, quelque temps auparavant, j’avais rencontré aux Bains un acteur black américain, Michael Wright, dont j’avais fait le portrait sans le connaître d’après une photo trouvée dans Télé 7 Jours. Il jouait dans la série « V »37 quand je l’ai finalement rencontré, aux Bains évidemment. On a sympathisé. Il m’a dit qu’il me croyait pédé, mais quand je lui ai présenté Jennifer, ma petite amie de l’époque, ça a levé toute ambiguïté. Par la suite, il est même venu plusieurs fois à la maison. J’en reviens au moment où je suis assis à côté de Tyson. Je lui glisse à l’oreille que je suis un ami de Michael. Là, Tyson lève la main et arrête ses bodyguards. Je lui parle de mes portraits et il me répond qu’il serait curieux de les voir. Il était gentil, un gros bébé, il venait tout juste de signer son contrat avec Canal +. Il connaîtra peu après les déboires qui annonceront le début de la fin. Il m’informe qu’il est descendu au Plaza Athénée et m’invite à l’y retrouver le lendemain vers midi. La nuit passe, j’arrive au Plaza, j’informe la réception et là descend le majordome de Tyson : Jérôme. Il m’explique qu’ils se sont couchés très tard et me propose de revenir le lendemain. Il me demande alors mon prix, que je gonfle un peu, mais sans exagération, et je lui offre une petite toile bonus en cadeau. Derrière moi, j’entends des gens parler en anglais, lancer des « Awesome » et des « Incredible ». Je me retourne et découvre une blonde américaine très années 80, accompagnée par un grand black avec les cheveux dressés sur la tête : Don King38. La meuf était surexcitée et lui impassible. Il me jette un regard un peu hautain et se casse. Je laisse mes toiles à Jérôme en convenant avec lui de revenir le lendemain. Je reviens le jour suivant et demande au desk de voir Tyson. Le réceptionniste m’annonce alors que toute l’équipe est retournée à New York. Les enfoirés étaient partis avec mes toiles sans les payer ! Un pote, dont le père était avocat à New York, a essayé de rentrer en contact avec le service juridique de Don King. Peine perdue… Dans un sens, c’était flatteur. Mais six mois plus tard, Tyson partait en tôle pour viol. Puni ! » » 


L'intégralité de l'entretien est à lire dans Les Ovnis de la pop de Jean-Emmanuel Deluxe.