Schnock n°7 - « François Hollande a été mon nègre » (extraits)
André Bercoff a livré ses « confessions d'un Schnock » dans le septième numéro de la revue des Vieux de 27 à 87 ans. Il y raconte, entre autres, avoir bénéficié de l'aide d’un jeune conseiller référendaire à la Cour des comptes pour l'écriture d'un livre paru en 1988, Comment acheter votre prochain président de la République. Explications.
Lorsque vous publiiez Comment acheter votre prochain président de la République sans risque en 1988, sous le pseudo de Caton, Jacques Attali était-il toujours dans le coup ? C'est bien lui qui vous avait poussé à écrire De la Reconquête en 1983.
Non. Mais à l’époque du premier, je lui avais dit que j’avais besoin de quelqu’un pour les chiffres. Parce que je voulais les vérifier, je ne suis pas économiste. Attali me dit, « J’te présente quelqu’un », et je vois arriver un p’tit mec, bonne bouille toute ronde, rigolo, François Hollande. Et Hollande, je l’ai retrouvé pour celui-ci : il a été mon nègre pour deux chapitres de mon Qui choisir. Les chapitres consacrés à Michel Rocard et à Jacques Delors sont entièrement écrits de sa main.
Il écrivait bien ?
Ah oui. Une plume facile, mais pas chiante – ce qui est rare pour un énarque. Assez drôle. C’est pas Alphonse Allais non plus, mais c’est bien. Des amis m’avaient prêté un appartement et Hollande venait gratter le matin. C’était en 87.
Ils étaient au courant, Rocard et Delors ?
Non, et je crois qu’ils ne le savent toujours pas. J’avais pas voulu divulguer. Hollande m’avait demandé, « Sur qui tu veux écrire ? » J’avais dit Le Pen et compagnie. Il m’avait dit, « Écoute, je connais bien Rocard et Delors, si tu veux je t’aide. » Et il a été mon nègre pour ces deux chapitres-là. « Heureusement, nul n’est obligé de devenir président. » Il a écrit ça à propos de Delors, c’est drôle... [François Hollande écrit, dans la conclusion du chapitre « Jacques Delors » : « Mais en a-t-il vraiment envie ? Ou trouve-t-il un bonheur doux amer dans le sentiment de se savoir en réserve permanente dans les magasins de la République ? Après tout, nul n’est obligé d’être président. Heureusement. » – NDLR*]
Il s’en servait pour épingler ses ennemis au sein du PS ?
Non non non, c’était vraiment pour filer un coup de main. Il n’a même pas été payé, il l’a fait par pure amitié. On se voyait beaucoup à l’époque, on était proches. J’avais édité les bouquins de Ségolène pour Robert Laffont. (...)
Entretien Sébastien Bardos & Laurence Rémila