La revue Schnock consacre un dossier de quarante pages à Mademoiselle Deneuve, avec entre autres une grande interview. Extrait.

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Grâce au succès des Parapluies de Cherbourg, vous devenez une actrice reconnue…

Déjà, le tournage a été extraordinaire. Demy était un metteur en scène avec un univers, donc tout était différent. Il s’occupait des costumes, du travelling, du son… Il était comme les grands cinéastes, il s’occupait de tout. Et moi, qui étais encore assez timide à l’époque, je me sentais tout d’un coup portée, soulevée, soutenue, regardée, aimée…

Dès ce premier grand rôle, vous êtes remarquée pour votre diction et votre débit, si particuliers. Ils vous viennent de vos parents, acteurs ?

Alors, François Truffaut avait une théorie là-dessus, théorie qui me faisait rire. Il disait que dans les familles nombreuses, tout le monde voulait parler en même temps, et qu’il fallait pouvoir, « hop ! », prendre sa place (elle imite celle qui saisit son moment pour interrompre une conversation). C’est vrai que dans les familles nombreuses, on parle beaucoup plus vite. Avec mes sœurs – ma sœur aînée moins, parce qu’il y a une plus grande différence d’âge entre nous –, on a un débit de paroles très « télégramme ». Ce n’était donc pas celui des parents. Non, quand mon père disait un truc, il nous demandait ce que ça voulait dire, et il fallait regarder dans le dictionnaire : « Est-ce que vous connaissez ce mot ? » Je me rappelle qu’il nous avait traitées, mes sœurs et moi, de «  vandales ». Forcément, trois filles dans une chambre, dans un petit appartement… « Savez-vous vraiment ce que veut direvandale? » Je me souviens encore de la définition : celui « qui détruit pour le plaisir ».

Il aimait aussi beaucoup le mot « schnock ».

Ah oui ! La première fois que j’ai lu votre revue, je me suis dit : « Ça, c’est mon père ! » C’était un homme très bien élevé, qui se tenait très bien, mais quand il s’énervait en voiture, il traitait les gens de « vieux schnocks », et pour moi c’est resté. De temps en temps en voiture, ça m’arrive encore de dire « Quel schnock, celui-là ! »

 

Propos recueillis par Laurence Rémila.

Photo : Catherine Deneuve dans Les Parapluies de Cherbourg, Copyright Ciné-Tamaris


L’intégralité de l’entretien est à lire dans Schnock 20, Catherine Deneuve : « Trop timide pour être une emmerdeuse ! »


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